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La terre est à nous.

L'AVANT SCENE Théâtre n° 854 (juillet 1989)

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La terre est à nous, terme revendicateur frappé cependant d'ambiguïté puisque cela ne signifie nullement, la Terre est à tous. La possession de la terre, motif premier de toutes les guerres, terreau de tous les nationalismes et de toutes les revendications. Ici, il s'agissait encore de défendre les frontières menacées par la coalition des monarques frontaliers. Vous l'avez sans doute déjà compris, l'action se situe à l'époque de la Révolution, la grande, la seule, l' unique, celle de l'abolition des privilèges que nous avons rasés pour (faute de vigilence) perdre nos droits ensuite, mais nous n'en sommes pas là. 

Empruntons la machine à remonter le temps et retrouvons nous en Périgord en cet An de Grâce pour certains, de disgrâce pour les autres, c'est à dire en 1789.

Nos ancêtres, las de régler la taille, la dîme et la gabelle se sont un jour révoltés. 

L'homme a une force d'endurance qui peut durer des siècles mais lorsque sa patience usée jusqu'à la corde, craque la contestation prend de l'ampleur, se transforme en émeute et peu à peu en Révolution. Le moyennageux " travaille, obéis et tais-toi " ancêtre de l'actuel " travailler plus pour gagner ... moins "  ne pouvait alors être accepté plus longtemps. 

La terre appartient à ceux qui la font fructifier, autre formule qui eut ses heures de gloire alors que le problème est plus complexe que cela, bien sûr, chacun ayant de bonnes raisons pour conserver ce qu'il possède. 

Les personnages de cette pièce sont hauts en couleurs et chacun expose le bien fondé de ses choix à une époque où il était devenu très dangereux d'affirmer quoi que ce soit, la Veuve ayant tendance à régler tous les problèmes.

La pièce a valeur d'épopée, nous éclairant sur les raisons de chacun et ils en ont tous de bonnes, qu'il s'agisse de l'extrémisme de Machecoul, de la lucidité de Louise, de la compréhension du Comte ou de l'engagement raisonné de Flutiau, ils déclenchent tous notre respect. 

Alors une question se pose maintenant, avons nous conservé ce coeur au ventre sans lequel le Destin est un vain mot ? 

 

 

INTERVIEW de l'AUTEUR,

 

 

S.A. - Du fait de la documentation historique importante, quelle fut la durée de préparation et d'écriture ?

 

R.P. - La Terrre est à nous est une fresque historique qui m'a été commandée à l'occasion du bicentenaire de la Révolution en Périgord par Pierre Orma du Théâtre de la Vache Cruelle en 1988. La ville de Périgueux et le conseil général de la Dordogne voulaient à l'occasion de ce bicentenaire inscrire dans leur programme un spectacle théâtral. Quelques historiens s'étaient proposés pour écrire un texte mais Pierre Orma a fait valoir qu'il y avait un auteur dramatique du département qui était en l'occurrence plus apte à réaliser ce travail. Je me suis attelé à la tâche de janvier 1988 à la mi-août de la même année soit 7 mois donc pour écrire les 7 époques de la pièce le tout ayant une durée de 5h.30. Par la suite je l'ai évidemment réduite et au final ce fut un spectacle de presque 3 heures. 

 

S.A. - Quels ouvrages historiques avez vous été amené à consulter ?

 

R.P. - J'ai lu deux ouvrages traitant directement de la Révolution en Périgord, un de Madame Cocula, universitaire et de l'abbé Rocal. Et puis la révolution française de Jules Michelet (une somme captivante d'un style flamboyant) 

 

S.A. - Une touche d'humour est constituée par cette grève du sexe préconisée par cet abbé qui avait peut-être lu Aristophane ?

 

R.P. - L'histoire, les personnages sont entièrement imaginaires. Parmi eux il y a ce curé qui est bien du genre " faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais." Il y avait un comité d'historiens chargés de vérifier qu'en prenant le chemin de l'invention, je n'avais pas commis d'erreurs historiques. L'un de ses membres était un professeur d'Histoire, directeur d'une école privée. Il a trouvé que ce personnage du curé était un peu excessif mais m'a t-il dit, " ses répliques sont si spirituelles qu'il faut le garder tel qu'il est." 

 

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