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ROBERT POUDEROU vu par ... - Page 3

  • Le pool en eau

    texte paru aux Editions CRATER en même temps que Le motard collection : Théâtre en Coulisses, 1994.

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    La vie en entreprise, les petites mesquineries, les ambitions personnelles, les coups bas, les frustrations et les grandes illusions ... le thème est vaste et malgré sa propension à peindre les êtres meilleurs qu'ils ne sont, l'auteur touche ici du doigt là, où ça fait mal. L'action se déroule dans les années 1975-1985 et on frémit à la pensée de ce qu'il pourrait écrire maintenant en fonction de la situation actuelle ! Les ordinateurs n'avaient pas encore complètement investi le secteur tertiaire et les pools dactylographiques étaient en pleine activité, les dictaphones aussi. Désormais, tout le monde ou presque pianote avec plus ou moins de célérité sur un clavier relié à un ordinateur et la galère évoquée là a disparu. 

    Au fait, où sont-elles passées toutes ces dactylos car il a bien fallu un jour qu'elles se reconvertissent après avoir disparu dans la trappe de l'évolution des moeurs commerciales ?  Les plus douées en passant à la rédaction sont devenues gestionnaires mais les autres, celles dont on ne parle jamais ? Toutes les laissées pour compte de l'industrie ! 

    Mais revenons à notre histoire, celle qui se déroule lors d'un été caniculaire alors que la climatisation vient juste de tomber en panne, production et bien-être  logeant rarement à la même enseigne.

    Nous allons par le biais de cette situation exceptionnelle, découvrir le vrai visage de chacun, tout ce qui se voulait caché et qui, brusquement se révèle.

    - les liaisons secrètes, on nomme cela " promotion canapé " tout le monde est au courant mais feint de ne rien savoir ... 

    - les petites misères personnelles, masquées par une vie active laquelle sert de paravent à toutes les défaites privées ... Fluctuat nec mergitur étant la devise parisienne qui pourrait servir à un bon nombre de ces actifs !  

    Et puis, le sens de la compétition qui à l'époque se limitait aux cadres mais qui a ensuite largement débordé les limites imparties ...

    La pièce est drôle, mordante, dévastatrice et le ridicule n'épargne pas certains personnages. Du reste à l'époque, elle en a dérangé certains ...

    Et maintenant que l'entreprise mondialisée court à la débandade nous aurions presque la nostalgie de ces temps là.

     

    INTERVIEW de l'AUTEUR,

      

    S.A. - Robert Poudérou, vous n'avez pas vécu - que je sache - dans les bureaux ? ...

     

    R.P. - Pas vraiment mais je connais bien le secteur tertiaire car j'ai souvent animé des stages de formation dans une société d'assurances. 

     

    S.A. - Il faut une connaissance profonde pour situer le climat, pour dénoncer les travers de chacun, comment y êtes vous parvenu ?

     

    R.P. - Ce que je raconte dans cette pièce, je ne l'ai pas vécu directement mais j'étais à un excellent poste d'observation et j'ai pu de ce fait observer salariés et cadres dans l'entreprise, leurs comportements leurs habitudes, leurs relations entre eux et me rendre compte des problèmes, des soucis qu'ils pouvaient avoir et qui - si j'en crois de bonnes sources - étaient presque mineures par rapport à ceux dans lesquels les salariés et cadres sont enfermés aujourd'hui.

    A l'époque, ils ne connaissaient pas encore trop le harcèlement de la hiérarchie mais il était déjà beaucoup question de contrôles, de rendement et de principes modernes de direction dont ils recevaient l'enseignement au cours de stages. C'est bien la connaissance des conflits, des jeux du pouvoir dans l'entreprise qui m'ont permis d'écrire cette pièce en 1979. 

     

    S.A.- Où fut créée la pièce ? ...

     

    R.P. - En 1982, il y a eu une projet séduisant de montage de cette pièce avec Jacqueline Gautier et Claude Piéplu. Mais la première est décédée et le second n'a pas souhaité s'engager avec une autre partenaire. Le pool en eau a d'abord été diffusé (avec Claude Piéplu) en 1984 sur France-Culture, en 1985 sur la Radio suisse-romande et créé en 1987 au Studio des Champs Elysées (que dirigeait Guy Descaux) puis à la Maison de la Culture d'Aulnais sur une mise en scène de Régis Santon. 

     

    S.A. - Lors de la création, quels comédiens aviez vous ? 

     

    R.P. - Il y avait André Gille, Marie-France Santon, Sophie Arthur et Patrick Raynal.  Ce dernier rôle a été tenu à Aulnay par Emmanuel Courcol qui depuis est devenu scénariste.

  • Pas deux comme elle

    Editions ART et COMEDIE 2006 

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    " Pas deux comme elle " et pour parvenir à cette conclusion il faut être au moins trois. Précisément, les personnages de cette pièce s'organiseront souvent de façon triangulaire ...

     Hélène vit avec Pilou, son cadet de ... beaucoup !  

    Le jeune homme est professeur de lettres. Sont attirées vers lui, deux personnages féminins, Annie du même âge, c'est à dire 25 ans et Catherine une lycéenne qui n'en a que 18. Relations un peu floues ...

     Hélène quant à elle est courtisée par Paul un éditeur quinquagénaire et Georges va survenir mais elle ne l'identifiera pas tout de suite alors qu'il est un fantôme de son passé. La vie réserve parfois de ces surprises ! ...

     Ils vont tous finir par se rencontrer puisque les amis de nos amis le deviennent un jour ou l'autre, peu ou prou. 

     Une affection solide lie Hélène et son compagnon or sans être particulièrement volage, les êtres restent sensibles à l'intérêt que d'autres peuvent leur témoigner et  à ce titre se veulent disponibles ...

     Précisément, rien ne semble plus exciter une femme que de savoir que l'homme qui lui plaît n'est pas libre. Perfidement Annie un jour, au téléphone fera référence à Chéri de Colette, les coups bas étant parfois de mise entre femelles attirées par le même mâle. 

    C'est ainsi qu'Hélène ne tardera pas à découvrir qu'elle est passée du statut  de grande soeur à celui de mère en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. 

    Histoire de se rassurer elle s'offrira une nuit avec Paul, lequel de séducteur deviendra victime en projetant de pérenniser ce qui ne fut sans doute qu'une parenthèse.

     Quand Pilou s'éloignera, il demandera à Hélène d'héberger Georges pour quelques temps et c'est alors qu'elle découvrira en ce dernier son premier amour d'enfance, celui que l'on n'oublie jamais mais que l'on peine à reconnaître et tendrement blottie contre ce dernier, la dernière réplique de cette femme aimante sera, " ... vous croyez vraiment que Pilou va revenir ? " -

     Vous l'avez compris, la pièce nous parle de l'amour, du temps qui s'enfuit, le tout baignant dans un océan d'humour et de tendresse.

     

    Interview de l'auteur,

      

    S.A. - Le personnage central, Hélène est-elle la femme idéale que l'auteur cherche tout au long de son oeuvre ?

     

    R.P. - Bigre ! la femme idéale ! Est-il plus facile de la trouver dans l'écriture que dans la vie ?

    Dans la vie, la femme idéale c'est pour moi celle que l'on aime vraiment, celle dont les qualités vous charment, vous éblouissent et dont les défauts vous amusent. 

    Au théâtre la femme idéale c'est la comédienne idéale, celle qui avec gravité et légèreté tout ensemble donne à votre dialogue tous les tons et les couleurs que vous avez entendus et imaginés en l'écrivant. Et c'est surtout la comédienne qui par un jeu libre vous révèle finalement des aspects sur son personnage auquel vous n'aviez pas pensé. 

     

    S.A. -  La pièce fut créée au Bourvil, dans quelles circonstances ?

     

    R.P. - A l'origine " Pas deux comme Elle " est une commande d'Arlène Clair, une comédienne tout à fait dans la ligne de ce que je viens de dire et qui l'a jouée plus de 400 fois à partir de l'automne 1985 en ce même lieu ainsi qu'à Malte, Les Baléares, au Festival du Quercy … avec Georges Clair qui assurait la mise en scène et un comédien alors débutant et qui s'est affirmé depuis, Vincent Viotti. C'est une pièce dont le succès doit beaucoup à Arlène. 

  • Le plaisir de l'amour

    Editions des quatre-vents, 1990 

    plaisir-amour.jpgL'action se situe au XIXème siècle mais elle aurait aussi bien pu se situer un siècle plus tôt. N'oublions pas que troubles et sentiments sont éternels, c'est seulement la façon de les exprimer qui diffère et puis ne fallait-il pas - entre autres - justifier " La Souris " de Béranger ? Certaines époques suggèrent lestement mais avec élégance, d'autres assènent sans ménagements. 

    Actuellement, sans doute qu'en certains lieux, Victor dirait à Sophie " Ch' te kiffe grave " avant de la culbuter sur un capot de voiture mais heureusement, ce n'est pas le cas ici.

    Jadis, on déniaisait les garçons et c'était presque toujours une amie de leur mère qui s'attaquait à la besogne. Maintenant préservatifs et films porno faussent un peu la donne. Raconter cette histoire par le menu serait en déflorer la teneur et mieux vaut laisser au lecteur ou au spectateur, le plaisir de la découverte. 

    Par conséquent, parlons des personnages. 

    Sophie est ce que l'on peut nommer une femme d'âge mûr, laquelle brille encore de tous ses feux. C'est une comédienne ce qui ne gâche rien.

    Rosalie est sa servante, au théâtre on dirait une soubrette accorte et non dépourvue d'esprit.

    Victor, ah ! Victor qui ici ne cherche pas des allumettes où alors ces dernières furent cachées en un endroit inhabituel ... Le cher garçon se meurt d'amour et de timidité car si nous ne savons que trop comment l'esprit vient aux jeunes filles la même raison handicape fort le camp d'en face ... Un temps, seulement. 

    Le dernier personnage de la pièce est ce bon Dr Somnol (est-ce un signe du destin ?) Nous le nommerons donc Gustave puisque le hasard veut que ce soit son prénom. Ils nous attendent tous chez Sophie et là, l'amour fera le reste. Il y a du Marivaux et du Crébillon fils dans cette pièce là mais aussi, n'en doutez pas, un peu-beaucoup de son auteur. Espérant vous avoir mis l'eau à la bouche, laissons retomber un voile pudique sur ce qui se passe en attendant que le rideau se lève.

     

     - ENTRETIEN avec l'AUTEUR,

     

    S.A. - Je vous ai souvent entendu dire, " je suis un homme du XIXème siècleEst-ce la raison pour laquelle vous avez situé vos personnages en ce temps là ?

     

    R.P. - … du XIXème siècle et de la première moitié du siècle dernier, c'est vrai et c'est surtout vrai pour moi quand il s'agit d'écrire avec finesse et élégance de verbe une comédie sur les échanges amoureux et sensuels des femmes et des hommes. L'expression des sentiments c'est aussi la musique du langage et le coeur de chacun de nous a sans doute la sienne.

    J'ai toujours eu la conviction que la meilleure façon d'exprimer la mienne était de la placer sous influence musicale des romantiques et notamment de Musset sans pasticher ces auteurs ou tenter de les imiter - ce qui est impossible et qui serait d'une prétention ridicule - Vous le savez, j'aime beaucoup notre langue et je regrette le temps où le plus modeste épistolier (qui ne se prenait pas pour un écrivain) savait en goûter les saveurs et les subtilités.

     

    S.A. - Selon moi, je vous crois plus influencé ici par le mode d'expression des auteurs du XVIIIème siècle, notamment Restif de la Bretonne (pour ne citer que lui). 

    - Y a t-il eu consciemment filiation ?

     

    R.P. - Oui, cela a été dit parfois. Je pense que c'est en partie vrai car la langue du XVIIIème siècle est une langue de la lucidité des esprits et qu'elle sait nous dire en mêlant tendresse et cruauté les choses du corps et du coeur.

     

    S.A. - Qui aviez vous lors de la création de la pièce ?

     

    R.P. - La création de cette pièce au Poche Montparnasse en 1984 a été pour moi un constant bonheur grâce à Etienne Bierry qui l'a mise en scène et par l'interprétation des comédiens qu'il avait choisis : Jacqueline Danno, Elisabeth Vitali, Stéphane Bierry et Philippe Moreau.

    Etienne a tout de suite pensé à Jacqueline Danno pour le rôle de Sophie, celle ci a par son jeu subtil et par sa gaité mêlée de gravité,  comblé le jeune auteur que j'étais encore. Mais tous ont participé à ce qui a été un succès public et de critique. Le plaisir de l'amour a aussi été joué, publié en japonais en 1987 dans une traduction de Madame Mie Sato. Elle a enfin été recréée en 2005 par la compagnie de Vincent Messager " Les enfants terribles " avec dans le rôle de Sophie une excellente Muriel Santini. Depuis ils n'ont pas cessé de la jouer dans différentes villes de France et même au Japon (cette fois en français) et ils connaissent le succès avec cette fête théâtrale. 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Les tétonnières du Paradis

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    Indéniablement et avant tout, le titre est porteur d'une dose équivalente de truculence et de rêve.  Sans doute Arletty - avant d'accepter, n'en doutons pas - aurait-elle déclaré à notre auteur " vous êtes un coquin " s'il avait pu lui confier le rôle de Zaza del Corazon, cette autre chanteuse réaliste. 

    Joindre l'élégance de l'alexandrin à la canaillerie loubardière n'était certes pas une mince affaire mais quelle superbe gageure !  

    Mettons le cap sur l'Absurdie patrie de tous les poètes où règne Zobie-Roi, monarque vieillissant, père d'une jeune beauté répondant au doux nom d'Hippigénie. ( Hip, hip, hip, hourra ! Mais ne nous égarons pas.)

    La gente damoiselle réserve ses regards énamourés au libertaire Zozo-la-Chienlit dont l'action subversive ne peut s'exercer que grâce à la présence effective de ses deux loubards de service : Hippo et Hippu.

    Car le véritable maître du royaume est en réalité le sinistre prince Zobu, propriétaire incontesté du pétrole et du fric qu'il génère ... lequel a jeté son dévolu sur la belle princesse et compte bien l'épouser bien qu'ayant officiellement deux maîtresses grâce à la présence bicéphale (et pas seulement) de Zaza del Corazon évoquée plus haut et de Zazou de St-Denis. 

    L'âme damnée de ce peu recommandable personnage est Zoba-le-Sec, salace sicaire au comportement crapuleux.

    Intrigues, querelles sont au rendez-vous de cette farce entraînante où les femmes, n'en doutons pas auront le dernier mot. Mais chut ! je vous laisse par vous-même découvrir la suite ...

     

    Editions Théâtrales, ART ET COMEDIE 2000

    artcomedie.com 

     

    ENTRETIEN avec l' AUTEUR -

     

    S.A. - Je crois me souvenir que c'est votre première pièce mais écrite en quelle année ?

    R.P. Plus exactement c'est la troisième, les deux précédentes (écrites sous un pseudonyme) étant des comédies libertines qui ont été jouées à Paris. Les Tétonnières ont été conçues en 1971 et j'ai écrit la pièce en deux mois de mai à juillet. A partir de ce moment là, j'ai signé de mon nom.

     

    S.A. - Ce fut donc votre réel démarrage dans l'écriture théâtrale. Précisément à ce sujet, comment et pourquoi, décide t-on d'écrire pour le théâtre ? 

     

    R.P. - En dehors des deux comédies (Marion des Enfers et La Fleur des sans-culottes) j'ai aussi écrit à cette époque une quarantaine de sketches dont quelques uns ont été joués aux Trois Baudets et puis je me suis dit que je pourrais peut-être écrire une vraie pièce sur la société dans laquelle je vivais en étant sous influence d'Aristophane et de Rabelais.

    Les sketches m'ayant révélé certaines dispositions pour le dialogue je pense que c'est le théâtre qui m'a paru le plus propice à mon expression.

     

    S.A. - Quid, du choix du thème et de la forme ? …

     

    R.P. - Comment se présentait pour moi la société de ce temps là ? (celle des années 70) J'y ai vu le passage pour l'être humain du statut de citoyen à celui de consommateur et pour moi, il y  avait risque que le premier soit phagocyté par le second. J'ai été aussi questionné par les relations de pouvoir et les rapports à l'argent que l'on entretenait dans notre pays et qui avaient tendance à porter l'individu vers des choix de vie médiocre. J'ai décidé en écrivant cette pièce souvent critique de ne pas me prendre trop au sérieux et d'écrire un texte satirique, libertaire, une sorte de farce mêlant le solennel et le bouffon.

    Pourquoi ai-je choisi la rythmique alexandrine ? … C'était pour mettre dans la bouche des comédiens des mots forts, gaillards tout en préservant la distance de l'ironie, de l'humour, pour donner plus d'énergie au verbe et aussi parfois pour distiller une petite musique des sentiments. Je me suis attaché à montrer des personnages et non des caricatures.


    - La pièce a été jouée plusieurs fois à Paris, Lille, la Ciotat, Belfort  et pour la dernière fois au festival de La Mémoire des Humbles en Périgord.